Les menaces

Plusieurs menaces portent atteinte à la survie des chauves-souris, la première étant sans doute la  méconnaissance à leur égard.

Combien de fois avons-nous entendu parler de «bestioles aveugles qui s’accrochent aux cheveux» ou de «vampires porteurs de rage» en faisant allusion aux chauves-souris?  Ceux qui les connaissent  le moindrement le savent, ces petites créatures inoffensives sont les premières victimes des fausses croyances.

Outre le manque de connaissances à leur égard, d’autres menaces touchent les chiroptères, dont certaines sont alarmantes.

Le Syndrome du Museau Blanc (SMB)

Le syndrome du museau blanc est une maladie fongique causée par un champignon microscopique nommé le Geomyces destructans. Ce syndrome se caractérise par l’apparition de spores blanches sur le museau et les ailes des chauves-souris touchées. La gêne créée par la présence des spores fait sortir l’animal de sa torpeur hivernale et le maintient trop longtemps éveillé. La chauve-souris dépense alors une incroyable quantité d’énergie et épuise trop rapidement ses réserves de graisse, ce qui finit par la faire succomber avant l’arrivée du printemps.

À ce jour, il n’existe aucun traitement contre cette maladie, qui s’est rapidement propagée à travers les États du Nord-Est américain et de l’Est canadien. Les dernières estimations rapportent approximativement 5,7 millions d’individus décimés depuis la première mention d’une colonie malade dans l’État de New York en 2006. La propagation de cette maladie à travers le Québec met en péril les populations de quatre espèces de chauves-souris hibernantes : la pipistrelle de l’Est (Perimyotis subflavus) et les trois espèces du genre Myotis, soit la petite chauve-souris brune, la chauve-souris nordique et la chauve-souris pygmée (Myotis leibii). La chauve-souris pygmée est d’ailleurs une espèce plutôt rare et probablement très touchée par le syndrome, mais le manque de connaissances à son sujet ne permet pas de statuer sur l’état de cette population au Québec.

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Petite chauve-souris brune en hibernation saine (François Fabianek)
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Petite chauve-souris brune en hibernation atteinte du syndrome du museau blanc (Frédérique Lelièvre)

Afin d’évaluer les impacts du syndrome du museau blanc (SMB), le Ministère a établi un nouveau réseau de suivi des colonies de chauves-souris. Le public est donc invité à collaborer à ce réseau en signalant les sites utilisés par des colonies de chauves-souris durant l’été (greniers de maison, hangar, etc…).

Le dérangement aux hibernacles

C’est lors de l’hibernation que les chauves-souris sont les plus vulnérables. Les activités souterraines et le vandalisme contribuent à sortir les chauves-souris de leur torpeur hivernale, ce qui représente une énorme dépense d’énergie. En effet, chaque réveil nécessite de réchauffer leurs corps de la température ambiante (0°C à 4°C) jusqu’à une quarantaine de degrés Celsius, ce qui leur coûte l’équivalent de 30 jours d’hibernation. À titre comparatif, une heure de vol correspond à la dépense énergétique de 80 jours d’hibernation.  Les chauves-souris sont donc en danger de mort avant la fin de l’hiver lorsque les dérangements aux hibernacles sont répétés.

De plus, l’intrusion dans une maternité (endroit où les femelles se regroupent durant l’été afin de mettre bas et d’allaiter leurs nouveau-nés) peut être fatale pour les jeunes qui risquent d’être abandonnés ou encore de perdre prise et s’écraser contre le sol.

La détérioration et la perte des habitats estivaux

Mises à part la petite brune et la grande brune qui ont tendance à privilégier les habitations, toutes les chauves-souris du Québec gîtent dans des arbres durant l’été. Dans le but d’économiser de l’énergie, elles privilégient les gîtes situés à proximité des sites de chasse nocturnes et semblent très fidèles à ces emplacements de qualité. Les chauves-souris du Québec ont également besoin des forêts pour pouvoir se déplacer et y trouver leur nourriture.

Certaines espèces sont plus dépendantes des milieux boisés que d’autres, c’est le cas des espèces du genre Myotis, pour qui la fragmentation des forêts constitue un problème majeur. La perte des vieilles forêts où l’on retrouve les principaux gîtes (dans les cavités des vieux arbres ou sous l’écorce des chicots) et l’exploitation forestière intensive (coupe à blanc qui favorise les peuplements équiennes) peuvent nuire à ces espèces.

Les éoliennes

Les éoliennes sont fatales pour les chauves-souris, particulièrement pour les espèces migratrices. D’abord, en raison des collisions, mais la cause principale reste les barotraumatismes engendrés, soit des lésions provoquées par une variation trop rapide et trop forte de la pression. En effet, le déplacement des pales d’éoliennes cause des variations de pression atmosphérique faisant exploser les poumons des chiroptères qui s’en approchent.

Une étude publiée dans la revue américaine BioScience révèle que plus de 600 000 chauves-souris sont probablement mortes à cause d’éoliennes aux États-Unis en 2012.

Au Québec, les taux de mortalité annuels de chauves-souris dus aux éoliennes ne sont pas encore rendus publics. À notre connaissance, la seule étude présentée au BAPE fait mention d’une mortalité annuelle moyenne de 152 chauves-souris par parc éolien. Cette étude réalisée sur deux ans prend seulement 3 parcs éoliens en considération.

L’épandage de pesticides

L’épandage des pesticides créé des dommages directs et indirects aux chauves-souris. Comme l’épandage se fait souvent à la tombée du jour, au moment où les chauves-souris sont actives, plusieurs individus meurent intoxiqués.

De façon plus indirecte, comme les chauves-souris du Québec sont strictement insectivores et consomment d’énormes quantités d’insectes chaque année, les pesticides ont pour effet de limiter leur principale source de nourriture, sans parler des effets de la bioaccumulation de ces substances toxiques dans leur organisme.

Autres menaces
Exterminateurs, mortalité routière, chats domestiques, pollution lumineuse, traitement du bois dans les maisons, etc.

Références

Fabianek, F. et Provost, M.-C.  (2013) Inventaire acoustique des chiroptères: une découverte préoccupante.  Bulletin de conservation 2013-2014, pages 14-17

TREMBLAY, J.A. (2012) Réponse aux questions soumises par le Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) – Étude du parc éolien Rivière-du-moulin. Ministère des Ressources  naturelles et de la Faune, Direction de l’expertise sur la faune et ses habitats. 5 pages.
http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/eole_riviere-du-moulin/documents/DQ10.2.pdf